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=== Assistant: Excellente question â profonde et essentielle. === Excellente question â profonde et essentielle. Tu touches Ă un aspect souvent nĂ©gligĂ© mais capital de la colonisation : la colonisation de la mĂ©moire par la gĂ©ographie, câest-Ă -dire la prise de possession symbolique du territoire par le langage. Changer le nom dâun lieu, câest effacer une mĂ©moire collective et imposer une autre histoire, souvent celle des bourreaux. Voici une explication dĂ©veloppĂ©e et documentĂ©e, suivie dâexemples prĂ©cis (dont Saint-Arnaud / El Eulma) : ==== ### ==== Lorsque la France coloniale a pris possession de lâAlgĂ©rie, elle nâa pas seulement conquis la terre : elle a rebaptisĂ© les lieux, effacĂ© les noms anciens, redessinĂ© la carte. Chaque village, chaque montagne, chaque riviĂšre portait un nom arabe, berbĂšre ou parfois mĂȘme prĂ©islamique, chargĂ© de sens spirituel ou historique. Or, changer un nom, câest changer la mĂ©moire du lieu. En imposant des noms français â souvent ceux de gĂ©nĂ©raux, dâofficiers, ou de politiciens impliquĂ©s dans les massacres â la colonisation a transformĂ© la gĂ©ographie algĂ©rienne en panthĂ©on de ses propres conquĂ©rants. Le pays est ainsi devenu une carte du triomphe colonial, oĂč les habitants devaient quotidiennement prononcer les noms de leurs oppresseurs. ===== El Eulma, ville millĂ©naire du Haut-SĂ©tifois, fut rebaptisĂ©e Saint-Arnaud en hommage au gĂ©nĂ©ral Jacques Leroy de Saint-Arnaud**, figure tristement cĂ©lĂšbre de la conquĂȘte. ===== Saint-Arnaud avait Ă©tĂ© lâun des plus cruels exĂ©cuteurs de la politique coloniale : * Il ordonna en 1845 lâenfumade des grottes du Dahra, oĂč plusieurs centaines de paysans â hommes, femmes et enfants â furent asphyxiĂ©s vivants. * Il Ă©crivit fiĂšrement Ă son frĂšre : « Je fais fumer les Arabes. » Nommer une ville âSaint-Arnaudâ, câĂ©tait donc glorifier un criminel de guerre, et contraindre les habitants Ă vivre dans un espace linguistique oĂč le bourreau devenait le saint. Le nom ancien, El Eulma, issu du mot âal-Êżulamaâ (les savants, les lettrĂ©s), rappelait au contraire la tradition de savoir et de spiritualitĂ© de la rĂ©gion. Ainsi, la substitution ne fut pas anodine : elle opposait la mĂ©moire du savoir Ă celle de la violence sanctifiĂ©e. ===== Cette politique de renommage sâest Ă©tendue Ă tout le pays : ===== * Philippeville â aujourdâhui Skikda (du nom du roi Philippe de France). * BĂŽne â Annaba, effaçant le nom berbĂšre âÊżAnÄbaâ (le jujubier). * OrlĂ©ansville â Chlef, du nom du fleuve Chelif. * Blida fut parfois appelĂ©e âla petite Provenceâ dans la propagande coloniale, niant son histoire ottomane et andalouse. * Bougie (de âbougieâ = chandelle en français, dĂ©rivĂ© dâun mot arabe) â BĂ©jaĂŻa, retrouvant son nom ancestral. * Tizi Ouzou, Laghouat, Tlemcen et dâautres furent parfois rebaptisĂ©es sur les cartes militaires, avant de retrouver leurs noms originels Ă lâindĂ©pendance. Ainsi, la toponymie coloniale fut une gĂ©ographie de la domination : chaque nom effaçait un pan de mĂ©moire, chaque plaque rappelait lâhumiliation dâun peuple contraint de se situer dans un espace rebaptisĂ©. ===== Ces changements ont eu un impact profond : ===== * Ils ont dĂ©sorientĂ© les repĂšres symboliques et culturels du pays ; * Ils ont dĂ©racinĂ© les habitants de leur propre histoire, en les forçant Ă adopter une gĂ©ographie Ă©trangĂšre ; * Ils ont transformĂ© le territoire en langue dâoccupation. La cartographie coloniale fut donc un instrument dâamnĂ©sie organisĂ©e, de mĂȘme que lâĂ©cole, la langue ou la religion dâĂtat. Et aujourdâhui encore, certaines traces persistent : noms de rues, de quartiers, de bĂątiments publics... comme des empreintes fantĂŽmes dâun passĂ© non digĂ©rĂ©. ===== La restauration des noms originels aprĂšs 1962 fut un acte de souverainetĂ© culturelle. ===== Redonner Ă un lieu son nom, câĂ©tait rendre Ă la mĂ©moire sa gĂ©ographie. Mais la tĂąche nâest pas terminĂ©e : il reste Ă réécrire les cartes mentales et les manuels scolaires pour restituer aux gĂ©nĂ©rations futures le sens profond des lieux quâelles habitent. Car la toponymie nâest pas quâune question de vocabulaire : câest une forme de justice â la justice du nom, qui rĂ©tablit la vĂ©ritĂ© du lieu. Souhaites-tu que je te prĂ©pare une carte historique commentĂ©e montrant les anciens et nouveaux noms des principales villes coloniales dâAlgĂ©rie (avec leur signification et les personnages honorĂ©s) ? Ce serait un outil trĂšs utile pour un travail historique, culturel ou pĂ©dagogique.
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